Shana Claessens. Une vraie fana de vitesse, une battante et une femme dans un monde d’hommes.
Elle apprend aux femmes à piloter des voitures de Formule 4 électriques, a déménagé à Zolder pour être plus proche du circuit et passe ses week-ends au guidon d’une Honda Camino de 1987. Dire que Shana Claessens vit pour la course est un euphémisme. À 33 ans, cette native de Brasschaat respire la vitesse, la compétition et la performance. Une passion qui l’a menée là où elle est aujourd’hui : experte en course sur piste chez ERA (Electric Racing Academy) et l’une des rares femmes à s’être imposée dans un sport encore largement dominé par les hommes.

De reine du karting à experte en course sur piste
« Cette Camino est d’ailleurs bien plus rapide qu’elle ne devrait l’être », avoue Shana en riant. Un aveu qui n’a rien de surprenant. Shana Claessens, 33 ans, a toujours été animée par une soif insatiable de vitesse. De sa passion pour le karting dès l’âge de 14 ans au rallycross à 18 ans, en passant par le sport automobile, le sim-racing, et la Formule 4 électrique en 2025. D’où vient cette passion ? « Mon père tenait un garage. » Il s’occupait de l’entretien des Mazda. J’avais l’habitude de le regarder travailler sur les moteurs. « C’est là que tout a commencé. »
Aujourd'hui, Shana ne se contente pas de prendre le volant. Elle entraîne et encadre également d’autres pilotes. En tant qu’experte en course sur piste chez ERA, elle les aide à atteindre leur meilleur niveau de performance sur circuit. « Avec les débutants, il s’agit surtout d’enseigner les bases : la sécurité et la technique de conduite. » À quel moment faut-il freiner ? Ou comment aborder un virage ? », explique-t-elle. « Pour les pilotes plus expérimentés, il s’agit de perfectionner leur technique. En analysant leurs données, je peux leur indiquer les domaines dans lesquels ils peuvent encore progresser. Que se passe-t-il, par exemple, si vous freinez un demi-mètre plus tôt ou plus tard dans ce virage ? Ces petits détails, bien que cruciaux, font toute la différence sur le chrono. »


La voiture accélérait bien plus vite que ce à quoi je m’attendais. J’avais de véritables picotements dans le ventre, comme en Formule 4. Cela ne m’arrive pourtant pas souvent.
L’ADN de compétition de Polestar
Lors des ERA Experiences, Shana a transmis son expertise à des pilotes novices sur le circuit de Zolder. La reconnaissance du parcours ? Elle l’a effectuée - pour la toute première fois - à bord d'une Polestar 4. « Je voulais savoir à l’avance : OK, qu’est-ce qu’elle a dans le ventre ? J’ai donc commencé par tester la voiture sur les pistes intérieures du circuit », raconte Shana en riant. « Ce qui m’a immédiatement frappée, c’est la réponse instantanée de l’accélérateur. J’étais vraiment impressionnée. La sensibilité au volant est d’une telle précision. On ressent vraiment l’héritage de Polestar dans le sport automobile », poursuit-elle.
Mais la réactivité n’était pas la seule caractéristique qui prouvait que Polestar dominait jadis le sport automobile scandinave. « La voiture accélérait bien plus vite que ce à quoi je m’attendais. J’avais de véritables picotements dans le ventre, comme en Formule 4. Cela ne m’arrive pourtant pas souvent », dit-elle avec enthousiasme. « Le centre de gravité bas et la répartition équilibrée des masses lui confèrent également une stabilité exceptionnelle sur la piste – même dans les virages rapides. Je n’ai même pas eu à tourner le volant. Elle se conduisait toute seule. »
Bien que la Polestar 4 ne soit pas une voiture de Formule 4, ses performances et son design ont clairement séduit l’experte en course sur piste. « Polestar a réussi à transposer magistralement son ADN de course dans ses voitures électriques. Elles offrent la puissance et la stabilité attendues sur circuit, tout en conservant le confort et le luxe d’une voiture haut de gamme. C’est la voiture parfaite pour faire découvrir la piste aux participants de manière contrôlée et élégante », conclut Shana.

Il est vrai que le sport automobile reste majoritairement masculin. Cependant, les stéréotypes de genre y sont de moins en moins présents. Mais les femmes pilotes ne devraient pas être une exception. Je veux vraiment que les choses changent.
Revendiquer sa place dans un monde masculin
Bien que le sport automobile soit traditionnellement dominé par les hommes, cela n’a jamais empêché Shana de se lancer à 100 % dans une carrière de pilote. « En tant que femme, vous devez prouver encore plus votre valeur. Au début, on me lançait des regards du genre : “Qu’est-ce qu’elle fait ici, celle-là ?” » explique-t-elle. « Mais dès que les gens voient que vous savez vraiment conduire, ils vous respectent. » Et il ne fait aucun doute qu’elle sait le faire. L’année dernière, Shana est devenue championne de Belgique de sim-racing chez les femmes et a participé aux 24 heures de Zolder avec l’équipe – majoritairement masculine – de JJ Motorsport.
« Il est vrai que le sport automobile reste majoritairement masculin. Cependant, les stéréotypes de genre y sont de moins en moins présents. Mais les femmes pilotes ne devraient pas être une exception. Je veux vraiment que les choses changent », déclare-t-elle avec détermination. C’est pourquoi, en octobre dernier, Shana a organisé la Women-Only Electric Formula Zolder Experience, un événement de course destiné à faire découvrir le sport automobile aux femmes. « Cette journée a été très bien accueillie », dit-elle fièrement. « Et en réalité, elles se sont révélées les meilleures conductrices, car elles écoutent vraiment vos consignes et vos instructions. »
Shana veut montrer aux femmes, mais aussi aux jeunes talents, que le sport automobile est accessible à tous. « Pour moi, ce n’est pas une question de genre, mais de passion, de talent et de persévérance », poursuit-elle avec enthousiasme. L’experte en course sur piste est convaincue que tout est possible si l’on croit en soi et que l’on travaille dur. Et c’est précisément ce message qu’elle souhaite transmettre aux jeunes femmes intéressées par le sport automobile. « Ne laissez pas les obstacles ou les stéréotypes vous décourager. Misez sur votre talent, ne cessez jamais d’apprendre et travaillez sans relâche. Osez revendiquer votre place. »


Son prochain adversaire ? L’endométriose
La passion de Shana pour la course est actuellement mise à l'épreuve. Elle a dû suspendre sa carrière en raison d'un diagnostic posé durant l'été 2024 : l'endométriose, une maladie chronique invisible caractérisée par la présence de tissus étrangers pouvant apparaître n'importe où dans le corps. Ces tissus provoquent des inflammations et des adhérences, souvent d’origine hormonale. Si la cause exacte reste inconnue, des facteurs comme la génétique, le système immunitaire et l'environnement sont souvent cités comme potentiels. Environ 1 femme sur 10 est touchée par l’endométriose. « En raison de la maladie, mon corps n’est pas capable de supporter la pression des ceintures de course. Malheureusement, la course de haut niveau n’est pas au programme pour l’instant », explique-t-elle.
Shana souffre d’une endométriose de stade 4 et subira une première intervention chirurgicale majeure en mars 2025. Son activisme et sa détermination sont plus que jamais présents. En effet, l’endométriose restant souvent mal diagnostiquée et sous-estimée, elle se bat pour sensibiliser le public à cette maladie. Elle participe, par exemple, à la dernière campagne de Behind Endo (Stories), une ASBL dédiée à cette cause. Elle partage également ses propres expériences de manière ouverte. « L’endométriose ne se résume pas à des règles douloureuses. Elle impacte tous les aspects de votre vie, dans tout ce que vous faites », avoue-t-elle. « Beaucoup de femmes, moi y compris, ne sont pas prises au sérieux lorsqu’elles expriment leur douleur. » Shana conclut : « En partageant mon histoire, je souhaite encourager d’autres femmes à ne pas douter d’elles-mêmes et à persister jusqu’à obtenir le bon diagnostic et le traitement approprié. »
Bien que sa carrière de pilote soit actuellement en pause, Shana reste optimiste pour l'avenir. « Ma passion pour le sport automobile est toujours intacte. Dès que je serai de nouveau sur pied, je me consacrerai pleinement à mon objectif, sur et en dehors des pistes. »