Le gouvernement Vivaldi sera-t-il un gouvernement de beaux parleurs ou de réels décideurs ?
C’est un grand moment, la Belgique a enfin un nouveau gouvernement. 16 mois après les élections, une nouvelle coalition est enfin formée. Ce nouveau gouvernement arrive en pleine pandémie, avec une crise économique qui se profile à l’horizon, et une crise climatique majeure et de plus en plus urgente. Espérons que les nouveaux ministres et secrétaires d’états soient bien accrochés, car ils devront faire face à de solides défis.
Fin septembre, les coformateurs Paul Magnette et Alexander De Croo ont indiqué que cette nouvelle coalition s'engageait à travailler pour une économie forte et une société durable, qui prend les choses en main et s'attaque à la crise climatique. Et ce dernier point mérite qu’on s’y attarde. Le 17 septembre, nous pouvions lire dans le journal L’Echo qu’« à partir de 2026, tous les véhicules de société seront électriques. »
Ce sont là de belles paroles de la part de cette nouvelle coalition gouvernementale, qui confirme une fois de plus que les véhicules électriques constituent une partie importante de la solution. En effet, 66 % des émissions de CO2 en Europe proviennent des voitures personnelles. Selon les chiffres de l'ACEA (Association des constructeurs européens d'automobiles), 8 acheteurs sur 10 en Belgique optent encore pour une voiture à essence ou diesel. Cela nous place loin derrière d'autres pays, tels que la Norvège et d'autres pays scandinaves, où la moitié des nouvelles voitures sont déjà électriques depuis 2019.
Nous disposons de la technologie et des possibilités nécessaires pour nous débarrasser plus rapidement des énergies fossiles. Alors pourquoi ne pas le faire ? Les gens sont encouragés par le gouvernement à acheter des voitures électriques mais très peu d’incitants y sont liés. Et pour adapter l'infrastructure de recharge aux objectifs de 2026, il est urgent de passer à la vitesse supérieure. En Belgique, nous oublions trop souvent de joindre le geste à la parole. Pourtant, les mots ne suffisent pas à gagner la confiance de la population, il faut également prendre des mesures et des actions fortes. Et il est aujourd’hui essentiel d’en faire une caractéristique indispensable à un bon leadership.
La meilleure manière de gagner la confiance et de convaincre les entreprises et concitoyens à changer leur comportement est de diffuser soi-même le message. Malheureusement, dans notre pays, connu pour sa structure complexe de gouvernance et ses fameux « compromis à la belge », cela semble généralement d'une importance secondaire. Il en résulte non seulement un manque de confiance dans les mesures prises par le gouvernement, mais également un manque de volonté de la part de la population, qui n’est dès lors pas motivée à prendre elle-même de mesures. Ce nouveau gouvernement doit faire preuve de prudence à cet égard. S’il veut formuler une politique climatique crédible, qui bénéficie d’un large soutien de la part de la population, il doit lui-même montrer l’exemple. La fameuse formule : « Leading by example”
En fait, c’est très simple. Imaginez que votre directeur vous recommande de manger chaque jour végétarien au restaurant d’entreprise alors que lui n’hésite pas à manger un gros morceau de steak. Cela augmenterait-il votre confiance à son égard, dans son rôle de leader ? Ou alors, laissez-moi poser la question autrement, seriez-vous plus enclin à respecter ses paroles ou ses actes ?
Pour des raisons évidentes, le foie gras a été banni, il y a cinq ans, du restaurant de la Chambre. Ne pourrions-nous pas nous montrer plus ambitieux et nous pencher sur certains des droits acquis ?
Il y a aujourd’hui d’importants choix à faire, qui détermineront la refonte de notre économie et de notre avenir.
Certains de ces choix ne sont pas si compliqués et peuvent cependant avoir une influence directe sur l’empreinte écologique et la crédibilité du nouveau gouvernement.
Penchons-nous par exemple sur les véhicules des cabinets ministériels. L'année dernière, l'ensemble du gouvernement flamand a été critiqué pour l’utilisation de grosses voitures à l’empreinte pas vraiment écologique.
Que savons-nous des voitures que les ministres fédéraux conduisent tous les jours ? Et que disent-elles de leur vision sur le climat ? Voulez-vous, en tant que nouveau premier ministre ou ministre, avoir un réel impact ? Voulez-vous réellement faire preuve de leadership et être considéré comme le gouvernement de relance qui fait un sérieux effort pour relancer l'économie belge et assurer un avenir plus vert ? Faire une différence significative n'est possible que si chacun prend ses responsabilités, qu'il s'agisse des citoyens, des entreprises ou des hommes politiques. Qu'attendez-vous ? Donnez l'exemple et optez pour un parc de voitures électriques.
Lies Eeckman, Managing Director de Polestar Belgique